Les grandes lignes de l'histoire du château de la Groulaie

Lieu historique


 La ville de Blain se trouve au bord de la rivière de l'Isac à un carrefour de voies gallo-romaines:
Angers/Vannes et de Nantes/Rennes.

Capitale des Namnètes, ERISPOË y battra le Comte RENAUD et par là même intégrera le pays nantais au royaume de Bretagne via le traité d'Angers en 851.

La construction aux caractéristiques Féodale du château est ordonnée par Alain IV Fergent, duc de Bretagne et comte de Nantes, au tout début du XIIe siècle en  1104.

La seigneurie de Blain est ensuite donnée en fief au chevalier Guégon qui est le premier seigneur connu de ce nom.

Par le mariage de son descendant Hervé de Blain en 1225 avec Constance de Pontchâteau et veuve de Guillaume de Clisson, la seigneurie de Blain passe entre les mains de cette puissante famille de Bretagne "Clisson".

Puissant à tout point de vue, les Clissons ont toujours cherchaient à rivaliser avec de duché de Bretagne.

C'est ainsi qu'en 1260, Olivier Ier dit le Veil se rebelle envers son duc Jean Ier le Roux.
Ce dernier tient à montrer que c'est lui qui a les rênes du duché de Bretagne. Il confit donc son Ost ducal à l'un de ses barons afin d'aller calmer la rébellion.
Olivier Ier de Clisson apprenant l'arrivée de l’armée du Duc s'échappe vers son fief de la ville de Clisson en s'étant assuré que son fils Olivier II se chargera de la défense de Blain sans accepter de se rendre.

Malgré les conditions du Duc, Olivier II préfère le combat au résultat d'une défaite écrasante bénéfique au duché.

Le Duc de Bretagne confisque l’ensemble des terres d'Olivier Ier et ordonne le démantèlement de ses châteaux, dont celui de Blain en 1260.
...

A la mort d’Olivier Ier en 1262, son fils Olivier II dit le Jeune est bien plus diplomate que son père et récupère les biens familiaux en obtenant l’autorisation de reconstruire et d’agrandir le château de Blain.

En 1277, Hervé II de Blain devient seigneur de Pontchateau.
Son sceau: "Vairé d'azur et d'argent chargé d'un croissant"
sera repris comme blason par la ville de Blain.

A la fin du XIIIème siècle, le château a déjà une ampleur considérable encore façonné au style féodal défensif.

Olivier II meurt en 1307. Son fils Guillaume étant décédé avant lui, ça sera son neveu Olivier III qui héritera de la seigneurie de Blain.
Celui-ci ne fera pas grand chose de concret au cour de son règne.
Il meurt en l'an 1320.

C'est donc Olivier IV qui lui succède.
Le nouveau seigneur de Blain joue avec les deux grands royaumes voisin du Duché, la France et l'Angleterre. Il finira par être décapité à Paris, attiré par le Roi de France.

Sa veuve Jeanne de Belleville jure de le venger et reprend la lutte contre le Roi de France.
Elle engage une grande partie de sa fortune dans l’armement de trois navires de guerre, afin de pratiquer la piraterie le long des côtes françaises.
Elle fait jurer à son jeune fils Olivier V, le futur Connétable de Clisson, de venger son père et l’envoie à la Cour d’Angleterre.

Olivier V combat dans la longue guerre de succession de Bretagne aux côtés des Anglais.
D’abord pour Jean de Montfort  contre Charles de Blois soutenu par les Français.
Olivier V perdra un œil à la bataille d’Auray où il est l’adversaire de Du Guesclin, Connétable de France.
Il changera de camp et se retournera contre les anglais, cette fois-ci aux côtés de Du Guesclin dont il prendra la suite comme Connétable de France en 1380.

Il guerroie avec Jeanne d’Arc (comme on peut le voir dans un vitrail de l’église du Gâvre) et fait si bonne besogne qu’il est surnommé
« le boucher des Anglois ».

C’est à cette époque qu’il fortifie et agrandit le Château de la Groulaie tel que nous pouvons le voir avec les parties restantes.
Il modifie la Tour qui porte son nom, dite « du Connétable  ».
Ces éléments sont en partie construits avec les pierres du château du Gâvre qui a été détruit volontairement  par mesure de précaution.
En effet,  celui-ci avait été donné au Capitaine anglais Jean Chandos

 Après la bataille d'Auray qui termina la longue querelle de Jean de Monfort et de Charles de Blois, Olivier de Clisson encore à ce moment là attaché au parti de Monfort, demanda à ce prince la terre du Gâvre en récompense de ses services. Montfort ou plutôt Jean IV, car c'était le nom que le prince avait pris depuis sa victoire, répondit qu'il avait déjà disposé de cette terre en faveur de Jean Chandos.
Clisson est blessé d'un refus à la préférence accordée à un rival et surtout à un Anglais. Il rendait presque un outrage, il s'écria avec fureur : "Je me donne au diable si un Anglais devient mon voisin".
Il partit en disant ces mots et suivi de quelques gens de guerre. S'en attendre il alla mettre le feu à une portion du château du Gâvre. Il se met une nouvelle fois en danger face au duché de Bretagne, mais par la suite il se réconcilie avec le Duc Jean IV.
Clisson se servira donc des pierres de ce château pour celui de Blain.
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A la mort d’Olivier V en 1407, c’est sa fille Béatrix  mariée au Vicomte Alain VIII de Rohan qui hérite de la seigneurie de Blain.
C'est alors en 1409 que la seigneurie passera dans la famille "Rohan" jusqu'à la révolution.

Le château de la Groulaie devient donc la possession d’une famille dont l’importance en Bretagne puis en France ne cesse de croître durant les quatre siècles qui suiveront.

Jean II de Rohan est seigneur de Blain de 1462 à 1516.
C’est lui qui fait bâtir les nouvelles tours en U, nommées « boulevards », mieux adaptées aux progrès de l’artillerie.
En 1510, il y reçoit avec son épouse Marie de Bretagne, Anne de Bretagne, sa nièce, qui vient leur présenter son époux Louis XII Roi de France.

En 1551, René 1er de Rohan a l’honneur d’héberger le Roi de France Henri II avec toute sa cour.

Quelques années plus tard, la famille de Rohan étant convertie au protestantisme (1558), sous l’influence de la famille d’Albret, puis de Marguerite de Navarre, sœur de François 1er.
Le Château de Blain devient un lieu de réunion pour les calvinistes et un refuge lors des persécutions.

En 1562, Henri 1er de Rohan fait même fermer l’église de Blain et donne asile aux calvinistes expulsés de Nantes.
Il bâtit les maisons du village du Pavé près du château pour les y loger.

Vers 1570, un synode (Assemblée d'ecclésiastiques) se tient à Blain.

Son frère René II lui succède. Il est marié à Catherine de Parthenay, femme remarquable par son esprit et sa beauté.
On dit que subissant les avances un peu trop pressantes d’Henri IV, elle lui répondit :
« Sire, je ne suis pas assez noble pour être Reine de France, mais trop fière pour être votre maîtresse... ».

René II est comme son frère, calviniste fervent. Il meurt à la Rochelle en 1586, en qualité de commandant de la place.

Le Duc de Mercoeur, catholique et chef de la Ligue en Bretagne, en profite pour faire occuper le Château de Blain et y laisse une petite garnison. En effet Catherine de Parthenay préfère se réfugier dans le Poitou et se protéger ainsi des raids menés par le duc. Mais un gentilhomme de la paroisse de Malville, Jean de Montaubant, Seigneur du Goust, descendant des Rohan et bien que catholique, s’empare du château mal défendu.

En 1590/1591, Mercoeur revient cette fois-ci après des essais pour reprendre le château avec plus de 4.000 soldats espagnols débarqués en Bretagne au secours de la Ligue.
Après un siège en règle mené avec une puissante artillerie, la Tour du Moulin s’effondre détruite par plus de 2.000 coups de canon.
La place tombe et la Tour du Moulin ne sera jamais reconstruite.

Après la capitulation, les ligueurs français arrivent à leur tour et participent au pillage.
Le château renfermait de grandes richesses car les Rohan l’entretenaient « comme pour recevoir un roi »... La forteresse est alors livrée aux flammes, dont seules les tours de l’Horloge, du Connétable et du Pont-levis réchappent.

Ce n’est qu’en 1598 que Catherine de Parthenay peut revenir à Blain. Elle est inhumée à côté de son mari René II au « Temple de Blain »...

Leur fils Henri II de Rohan (1579 - 1638) est sans conteste le plus célèbre des Rohan et sa vie appartient à l’histoire de France. Petit-fils d’Isabeau d’Albret, il serait devenu Roi de Navarre si son cousin n’avait pas eu d’héritiers directs.
Il est fait duc et pair de France par le roi Henri IV, sans doute en reconnaissance de l’engagement protestant marqué par cette famille, ce qui lui donne dès lors une stature nationale.

Il épouse en 1603 Marguerite de Béthune, fille de Sully. Lors de l’assassinat d’Henri IV, il devient chef du parti calviniste et est nommé généralissime de tous les Réformés.
Il mène alors trois guerres contre Louis XIII entre 1622 et 1629.
Mais après la chute de la Rochelle, il est condamné à mort par Richelieu pour crime de lèse-majesté, son château doit être démoli.
La Paix d’Alais en 1629, met fin aux affrontements.
Il retrouve alors ses biens, son honneur et met son épée au service de Louis XIII.

Mais une partie des fortifications est détruite, le château perdant ainsi tout rôle militaire.

Le vaste chantier de reconstruction entrepris par Catherine de Parthenay dès 1598 est alors abandonné, et seuls le Logis du roi, la chapelle et les tours du Connétable, de l’Horloge et du Pont-levis sont restaurés.

Henri II de Rohan meurt à la suite de ses blessures au lendemain de la bataille de Rheinenfeld et est inhumé dans un magnifique mausolée en l’église St Pierre de Genève.
On notera également de lui sa participation active à la fameuse histoire du « Collier de la Reine » plus généralement connue à travers les écrits d’Alexandre Dumas.

Voltaire écrivit à son sujet :
« Avec tous les talents le ciel l’avait fait naître. Il agit en héros, en sage il écrivit. Il fut même un grand homme en combattant son maître.
Et plus grand quand il le servit... »
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Le château de Blain devient alors une luxueuse résidence où les Rohan séjournent régulièrement au cours des XVIIe et XVIIIe siècle.
On aménage le parc pour la promenade, on transforme une partie des douves en jardin, une orangerie est construite en 1643 qui sera terminé en 1650, ainsi qu’une grande pièce d’eau à l’extérieur de l’enceinte principale.

La demeure a perdu tout intérêt militaire, les Rohan y habitent peu car ils vivent à la Cour de France.

Le dernier Duc, après la disgrâce de toute la famille à la suite du scandale de l’affaire du Collier de la Reine qui éclaboussera la Reine Marie-Antoinette, reviendra à Blain.

Il est avec son épouse le bienfaiteur du pays.
Il établit un bureau de conciliation, ancêtre du conseil des prud’hommes qui statue en particulier sur les procès.
Les conseillers blinois après chaque séance, sont invités au château, et à la table du Duc.
Ce n’était pas un petit honneur.
Soit par timidité, soit par lenteur, ils n’arrivaient pas à suivre le service abondant des plats. Le repas terminé, ils allaient ordinairement terminer les agapes à la cuisine...

En 1645 Marguerite de Rohan est la seule héritière. Elle épousera Henri Chabot qui est autorisé à reprendre le titre de duc de Rohan afin d’éviter sa disparition.
Le dernier séjour des Rohan-Chabot à Blain date de 1783.

En 1791 le dernier Duc de Blain, Louis-Marie Bretagne part en exil à Nice où il y meurt.

Pendant la révolution, le château sert de prison et d’entrepôt.
Il faillit même être démoli.
Son magnifique « chartrier », le plus important après celui des Ducs de Bretagne est brûlé, ainsi que la tour de l’horloge.
Avec lui disparaît la plus grande partie de l’histoire ancienne de notre pays.

En 1797, Louis-Antoine de Rohan Chabotrentre e possession de ses biens jusqu'en 1802, date à laquelle il vend à un banquier parisien: Monsieur de Janzé.

Bizeul, dont une rue de Blain porte le nom, historien et archéologue est le  fils de l’archiviste des Rohan. Il pourra en sauver une partie, qui se trouve maintenant à la Bibliothèque municipale de Nantes.

Sous Napoléon 1er en 1811, un grand bal de nuit est donné au château pour fêter la naissance du Roi de Rome.

En 1812, il sert de logement aux 400 prisonniers espagnols qui creusèrent une partie du Canal de Nantes à Brest.

L’ancienne forteresse est presque à l’état de ruine lorsqu’elle est rachetée en 1802 par le Baron de Janzé, un banquier parisien.
Ses héritiers le cèdent en 1880 à Jules Hardy qui le revend douze ans plus tard aux Lareinthy-Tolozan, propriétaires du Château du Pont-Piétin.

La tour de l’Horloge est démolie en 1804 et l’Orangerie en 1890.

La canalisation de l’Isac dans les années 1830 ampute le parc et entraîne l’assèchement des douves.

Il devient en 1918 la propriété de Marie Bonaparte épouse du Prince de Grèce et du Danemark.

Le logis du Roi est restructuré, des fenêtres néo-gothiques lui sont ajoutées ainsi que des cheminées néo-renaissance.
Une terrasse est construite sur les bases de la tour du Moulin. Mais même si l’esprit médiéval n’est plus respecté, il faut bien avouer qu’à cette époque le château n’a plus que 4 murs et on chasse le lapin dans les ruines !...

En 1940, le château est occupé par les Anglais suite à la déclaration de guerre à l'Allemagne nazie qui vient d'envahir sans raison la Pologne le 1er septembre 1939, alors alliée à la France et l'Angleterre.
Ils installeront des garnissons et de nombreux matériels en lien également avec les structures construites dans la forêt du Gâvre où sera réalisées des voies ferrées à destination du port de Saint-Nazaire et d'autres servitudes vers le front au nord de la France.

Ils commenceront à évacuer le château à partir du 14 juin 1940, date où Paris est tombée dans les mains des Allemands.
Jusqu'au 17 juin, les Anglais regagneront au plus vite le port de Saint-Nazaire pour regagner l'Angleterre.

Les premiers avions de la Luftwaffe  arrivent à Blain et y font leurs premières victimes civils.

A partir du 4 aout 1944, les Américains et les résistants français commencent à faire fuir les Allemands qui reculent vers Saint-Nazaire.
L'ennemi formera une résistance qui sera nommé "la Poche".

(Venez découvrir le complément riche et rempli d'événements de l'histoire de Blain 39-45 au château de la Groulaie, partie communale).

En 1950 grâce à Monsieur Brétesché qui est un  industriel blinois, le château est racheté par les Frères Saint Jean Baptiste de la Salle, tandis que le parc et la forêt demeurent en sa propriété.
Le château abritera alors un petit noviciat jusqu’en 1968, puis il accueillera des classes de l’école St Laurent jusqu’en 1983.

En 1977 la Tour du Pont-Levis, les courtines qui l’encadrent, la Tour du Connétable, la façade sud du Logis du Roi, la Tour de la Prison, les Tours Sud-Est et Sud-Ouest sont classées
« Monuments Historiques ».

La Municipalité de Blain devient alors propriétaire d'une des deux parties:
La Tour du Pont-Levis et de ses courtines qui l’encadrent, la Tour du Connétable, la Tour de la Prison, les Tours Sud-Est et Sud-Ouest et de la cours.

Le renouveau culturel du château est alors organisé avec la création de l’association Château & Essor Blinois en 1988.
Elle y implantera avant tout un centre de la fresque et un atelier d’imprimerie ancienne qui deviendront par la suite indépendantes.

La restauration des parties classées est entreprise à partir des années 1980, avec en particulier l’organisation de chantiers de bénévoles (CHAM) depuis 1991.
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A ce jour une partie est toujours privée.

L'association Château Essor Blinois avec le soutien de la municipalité s'accorde à valoriser et à préserver la partie communale encore médiévale du château sous un seul combat:

"La transmission à travers la préservation et la sauvegarde du patrimoine culturel historique"

Cf rubrique: Notre Mission.
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